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 L’article 4.4.1 du Règlement national du notariat interdit au notaire toute publicité à caractère personnel, y compris sur les réseaux sociaux, et précise que toute communication à l’attention du public peut faire l’objet d’un contrôle a posteriori par la Chambre. La communication est donc un défi spécifique pour le notaire. Comment peut-il conjuguer règles déontologiques et stratégie de communication pour développer son activité ?

 

Le respect des règles déontologiques du notaire est tout à fait compatible avec l’élaboration et la réalisation d’une stratégie de communication fondée sur l’expertise du notaire. Selon ses objectifs de développement et son implantation, le notaire peut créer une stratégie de contenus déclinée sur son site, ses réseaux sociaux, dans la presse régionale et nationale. Il crée ainsi un cercle vertueux qui lui permet d’accroitre sa notoriété par des prises de paroles sur des questions juridiques concrètes et pratiques en proposant des articles de qualité, tout en valorisant la profession notariale par le décryptage des textes de loi et de la jurisprudence.

 

De quels outils et canaux de communication un notaire dispose-t-il ?

 

Sur les outils et supports, on peut citer bien sûr les sites vitrines(les sites « commerciaux » de consultations et de services sont interdits à ce jour), les participations à des conférences et formations, l’organisation d’événements clients, les relations médias, les newsletters, l’animation de réseaux sociaux (interdiction toutefois de faire de la publicité sponsorisée ou adwords…pour le moment). Par ailleurs, si  l’article 3 de la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du 21e siècle autorise la sollicitation personnalisée des notaires, en l’absence de décret, le notaire ne peut pas encore en réaliser….

 

La déontologie pourrait-elle  être un frein à la prise de parole ? 

 

Un notaire peut s’exprimer sur un sujet juridique dans la presse (soit entretien ou publication de tribune d’expert), mais la diffusion de communiqués de presse est limitée (création ou suppression d’études, nomination de notaire). En revanche, un notaire ne peut diffuser un communiqué sur un deal ou un récent montage d’opérations..contrairement aux avocats.

 

Quelles sont les spécificités de la prise de parole du notaire ?  

 

Le notaire est à la fois officier public chef d’entreprise. Il doit gérer son étude avec les mêmes problématiques managériales que toute société. Le notaire doit donc développer son activité en respectant sa déontologie d’officier public. La prise de parole « experte » sur des sujets juridiques pour accroître sa notoriété est l’un des leviers à actionner au-delà du bouche-à-oreille. Via les réseaux sociaux du notaire, les articles de presse ou les événements professionnels, il s’adressera ainsi à ses clients particuliers ou professionnels sur des thématiques et l’angle qui les intéressent.. Sa mission d’officier public lui impose d’assurer la force probante des actes juridiques qui sont reçus dans son étude pour leur conférer l’authenticité. Il doit recevoir tous types d’actes. Mais on sait bien que de nombreuses études définissent leurs propres objectifs stratégiques, avec un ciblage dans leurs discours et éléments de langage. Certaines souhaitent davantage développer une clientèle de professionnels que de particuliers.. Nous conseillons de procéder à une véritable démarche marketing en définissant ses principales cibles de clientèles, ses clients types (les personas), de cartographier leurs besoins, leurs attentes afin de définir une stratégie de communication.Les notaires pourront donc cibler plus facilement les supports de presse et travailler leurs territoires de communication en cohérence avec leurs objectifs stratégiques.

Les territoires de communication du notaire se limitent à des prises de parole sur des thématiques juridiques, avec une réserve : les projets de textes restent la chasse gardée des institutions représentatives de la profession (présidents de chambres, président du Conseil supérieur du notariat principalement). Il ne peut également s’exprimer au nom de la profession sur le statut du notaire.

Concernant le rythme des prises de parole, tout est aussi question de mesure, les instances ne verraient pas d’un bon œil que le notaire soit trop présent dans la presse. Il est difficile de quantifier, mais on peut réaliser 5-6 citations par mois sans difficultés « déontologiques »… Tout cela est amené à évoluer…

 

 

L’agrément de la Chambre des notaires sur la création d’un site internet est-il un frein à la créativité ? Comment le notaire peut-il se distinguer de ses confrères ? (voir créativité logo, contenu…. ?)

Le notaire qui crée un site doit, lui, solliciter un agrément auprès de sa chambre qui vérifiera si le site est conforme à la déontologie notariale (rédactionnel, illustrations, mentions légales, respect de la réglementation CNIL, autorisations de reproductions... : art. 2-2 du Code de déontologie internet). Avant la mise en ligne, l’un des notaires de l’étude transmettra le lien du site et son login.

Pour la création proprement dite, sous réserve de respecter les règles fondamentales, socles de la profession (probité, intégrité, indépendance, confraternité, confiance), et de donner une image valorisante de la profession, le notaire peut librement faire appel à des créatifs pour créer un nom original et son logo, à moins qu’il ait lui-même un talent de designer ! Cette démarche suppose au préalable de réaliser un benchmark de sites de  la « concurrence », voire des autres professions comme les avocats, pour définir les tendances et apporter des axes différenciateurs. La création d’une « identité de marque » est, là aussi un travail de professionnels qui nécessite, au préalable, un audit de positionnement, pour des actions réussies.

Notaire solo, notaires associés….la taille de l’étude joue-t-elle sur la stratégie de communication ?

 

Quelle que soit la taille de la structure, la mise en place d’une stratégie doit être partie intégrante des objectifs du notaire pour se développer. Selon les ambitions et les moyens de l’office, toute une palette d’opportunités est possible, mais nous conseillons bien sûr a minima, un site internet dynamique et vivant, différenciant, un article par semaine rédigé par le ou les notaires (1000 signes suffisent, et l’actualité est riche) et une viralisation du contenu sur les réseaux sociaux. Pour une étude disposant de plusieurs associés et collaborateurs, on pourra intégrer des actions médias plus fréquentes, des participations dans des conférences, voire l’organisation de webinars pour leurs clients.

 

Nous connaîtrons sans doute davantage de mouvements au sein des études et entre les structures (fusion, partenariats) qui nécessiteront autant d’accompagnements et de réflexions stratégiques préalables à la construction d’une feuille de route pour les actions à mener (L'essentiel de cet article a été publié dans La Quotidienne EFL du 14 septembre 2018).

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